APPEL À CONTRIBUTION
webSYNradio lance une collection pour des pièces audio courtes, de quelques secondes à quelques minutes.
Le thème (et le titre) en est MON TOUT PREMIER BRUIT.
Comme on demande communément quel est ton premier souvenir,
ici, on se demande quel est ton premier bruit ?
MON TOUT PREMIER BRUIT est la réponse élaborée/composée dans l’étonnement ou la perception gazeuse de ce PREMIER qui est peut être aussi à l’origine d’une forme d’écoute, d’un corps, MON corps qui se surprend en extension vers le neuf, l’inouï – si bien qu’il est mon tout premier, sans aucun doute, oui, MON TOUT PREMIER BRUIT.
Avant lui, ce PREMIER, il y avait sans doute des bruits, mais celui-là est mon tout premier, avec certitude.
Bruits singuliers, bruits multiples.
Oreille tendue à travers la pièce, oreille collée contre la poitrine, contre la porte, contre le mur, oreille qui se découvre, pourquoi pas, une autre oreille.
MON TOUT PREMIER BRUIT, c’est celui qui m’a fait prendre conscience que j’avais deux oreilles, un souffle et deux oreilles.
L’espace fantomatique entre les deux. Et le diamant, le crâne comme diamant.
OUI,
qui m’a fait prendre conscience des autres, de l’autre, tout court.
MON TOUT PREMIER BRUIT, c’est celui qui m’a rendu quasi sourd,
d’une oreille.
MON TOUT PREMIER BRUIT était déjà un son, mon tout premier bruit n’était pas encore un son et ne le serait jamais, limite infranchissable, malaise persistant : NOISE.
MON TOUT PREMIER BRUIT n’est pas le bruit de ma mère, n’est pas le bruit de mon père qui met ma mère en boîte, mais la machine infernale reliant tous les êtres, la fonction première et sa dissipation.
MON TOUT PREMIER BRUIT – intra-utérin pourquoi pas – est celui d’une lutte, d’un mur : coups de hache dans la forêt, quelqu’un là bas refait sa vie !
Bruits de la vie courante, bruits de la vie rêvée.
MON TOUT PREMIER BRUIT est celui du voile jeté sur toute lutte, d’un outil qui s’abat, d’un geste dans la matière, instrument qui se désarticule.
Au loin, on entendrait venant des places, des voix, discrètes.
MON TOUT PREMIER BRUIT est celui d’une fuite multiple sur un sol en plastique, une voix de femme à l’arrière d’un bus mêlée à d’improbables bruits de vapeur, l’info flash qui annonce ma propre disparition.
Mon tout premier bruit est cliquetis, grincement, grondement, craquement – mais qui, qui s’avance dans l’escalier ? et dans quel but ? vers qui ?
qui ce soir sera la proie de ce tout premier bruit ?
Une note qui vient, il n’en faudrait pas douter.
MON TOUT PREMIER BRUIT est celui qui m’a fait lever les yeux pour la première fois et m’a fait voir la mort en face.
Mon tout premier bruit est aussi mon tout dernier.
Comme dans la pièce proposée par Pascal Deleuze et Guillaume Contré qui inaugure cette collection.
A écouter ici !
Et toi, quel est ton premier bruit ?
Appel à faire tourner dans toutes vos boucles.
Merci
Dominique Balaÿ
contact[at]websynradio[dot]fr
A CALL FOR SOUND-SEEKERS
webSYNradio is curating a sonic tapestry—tiny audio fragments, fleeting whispers to immersive moments (think: seconds to minutes).
MY VERY FIRST SOUND.
We’ve all been asked, “What’s your first memory?” But here’s the twist: What’s your first NOISE?
—
MY VERY FIRST NOISE—a gasp, a vibration, a cosmic hiccup. Maybe it birthed your way of listening, your body electric, jolting toward the unheard-of. Before it? Static. After? Certainty. This was the noise that claimed you.
Singular. Multiple.
An ear pressed to a door, a chest, a wall—or maybe an ear discovering itself (why the hell not?).
My first noise taught me:
– I have two ears (and one breath caught between them).
– The ghostly space between. The skull as diamond.
– It deafened me (just a little).
– It was sound before it was sound. Or maybe it never was—just NOISE, throbbing at the edge of meaning.
Not my mother’s voice.
Not my father’s hands.
But the infernal machine humming in all of us—primal, dissolving.
Was it intra-uterine? A struggle? Axe blows in the forest—someone out there, rebuilding their life?
Or the veil thrown over chaos: a tool dropped, an instrument splitting at the seams.
Somewhere, distant:
– Discreet voices drifting from city squares.
– A plastic-floor escape.
– A woman’s voice on a bus, tangled with steam.
– The newsflash announcing my own disappearance.
My first sound?
A clatter. A creak. A rumble.
(Who’s climbing the stairs? For whom?)
A note hanging in the air—undeniable.
It’s the noise that made me look up and see death.
My first noise is also my last.
(Psst: Dive into the inaugural piece by Pascal Deleuze & Guillaume Contré [here]—let it haunt you.)
—
SO—WHAT’S YOUR FIRST NOISE?
Spin it. Record it. Send it spiraling through our loops.
Gratitude & static,
Dominique Balaÿ
contact[at]websynradio[dot]fr
—
*Pass this on—like a whispered secret or a rogue frequency.
** Many thanks to Manu Pesso for this translation