Samuel Zarka

SAMUEL ZARKA

1 – Les Gardiens (23:52)

Ces entretiens ont été réalisés grâce au concours de David Christoffel, de Gildas Veneau, du Musée d’art moderne de la ville de Paris et de certains de ses agents de surveillance, d’autres musées et d’autres agents de surveillance.

Les Gardiens ont fait l’objet d’une première édition publiée en feuilleton chaque mercredi du 15 octobre au 9 décembre 2009 sur Droit de Cités.

Cette seconde édition, en une seule bande-son, a été réalisée par l’aimable médiation de Dominique Balaÿ, à l’occasion de l’atelier webSYNradio.

Conception et réalisation Les gardiens : Samuel Zarka

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ECOUTER
Premières écoutes : Jeudi 1er juillet à 10h, 15h, 19h, et 23h, jusqu’au 8 juillet mêmes horaires.

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TEXTE

Réalisme

Quel est le rapport entre Les Gardiens, la revue Droit de Cités, l’art contemporain?

Cela commence par une expérience très commune : il y a quelques années, ce que je lisais sur l’art, dans la presse ou les livres sur ce sujet, me paraissait si souvent faux que cela a suscité :

– un travail d’explicitation historique et sociologique des dynamiques qui le constitue — à lire dans Art contemporain : le concept, à paraître en novembre 2010 aux PUF.

– Et Les Gardiens. Ils étaient la voie d’interrogation des profanes les plus informés sur les œuvres qu’on puisse trouver.

A cette fin, je n’ai pu m’y prendre autrement que selon une quasi-infiltration muséale. C’était déjà, sur un plan plus festivalier, le cas avec la pièce incorporel.

Car c’est bien ardu de faire les choses dans l’art sans être interrompu par des impératifs dits de “sécurité”.

Mais revenons aux Gardiens. Dans un jargon sciemment typique, j’écrivais ensuite, sur ce site, lors de la première édition, en feuilleton, du travail : Les gardiens sont au bord du cube blanc. A cette mention d’un ouvrage de référence dans la culture critique afférente [1], faisait suite ce petit adieu : Et puis professionnellement c’est le bord au-delà, ailleurs méchamment. Loin. Au revoir. Suivit la réalisation collective de la présente revue Droit de Cités, c’est-à-dire la construction d’une plate-forme de production et diffusion de contenus en ligne; des contenus nécessaires, au sens usuellement philosophique du terme, c’est-à-dire ne pouvant pas ne pas être; et par surcroît, n’existant pas ailleurs.

Les agents de surveillance rencontrés entre-temps, avaient-ils quelque chose à conter touchant leur expérience esthétique? Bien sûr, tous ont d’abord pris la question comme portant sur les œuvres qu’ils fréquentaient. Mais chaque fois, l’entretien abordait notamment leur expérience globale des lieux. Entre les deux pôles de la question, ils parlaient notamment ce qui s’entend sur l’enregistrement.

Tandis que webSYNradio propose de passer une bande-son, celle de son choix, pour tout le monde. A la bande-son, il s’agit aussi de joindre une documentation en image.

Ainsi qu’en texte. Cet ensemble s’inscrit dans une prévision, une date, la période d’une semaine, sur laquelle s’échelonnent les rendez-vous d’écoute, complétés d’un podcast. C’est une série d’expositions en fait (non sans jouer sur les mots).

Sans que cela nécessite d’être souligné, Les Gardiens décrivent une démarche proche de webSYNradio : fondée dans une expérience esthétique très intégrée dans les affaires courantes. Dès lors, on peut se demander si un artiste a pour fonction de produire du rêve ou de l’imaginaire; d’autant mieux lorsque le thème de l’imagination colonisée est devenu si courant [2]. La présente bande-son y répond à sa manière. Elle propose de passer des propos choisis selon le moment où il semble que ce qui se dit veut valoir d’une manière excessive par rapport à la circonstance artificielle de l’entretien. Une façon de choisir les coupes exactement explicitée par Mallarmé : « l’œuvre implique la disparition élocutoire du poète qui cède l’initiative aux mots » [3]. Cette disparition est alors une cession de ma parole en propre à une parole pourtant. C’est peut-être la voie même d’un art réaliste, parce que ce qui se dit pourrait exprimer ce qui est réellement vécu. Il y va de l’expression individuelle, et même singulière, de personnes selon des déterminations objectives communes.

Samuel ZARKA

[1] Brian O’Doherty, White Cube, L’espace de la galerie et son idéologie, Paris, Les presses du réel, 2008 (édition française).

[2] Quand j’étais étudiant, en cours, l’artiste Sylvie Blocher nous exhortait à “décoloniser notre imaginaire”.

[3] Merci à Dominique Pagani pour m’avoir indiqué cette citation.

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ELEMENTS

Samuel Zarka est directeur éditorial de Droit de Cités. Ingénieur du symbolique. Conférencier à l’Académie Royale des Beaux Arts de Liège.

Sites de Samuel Zarka :
ingenieurdusymbolique.fr
samuelzarka.net (index des productions)

 

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